"Upcycler" un site industriel

"UPCYCLER" UN SITE INDUSTRIEL / Porto Marghera / Mestre-Venezia

Régénération urbaine, d'un site industriel pollué, par le réemploi, 2014

Projet de Fin d'Etudes réalisé avec Célia Bosc dans l'atelier de PFE Milieux habités, l’architecture au rythme de l’urbain et de la nature, dirigé par Didier Rebois et Thibault Barbier. Le projet a eu les félicitations du jury.

Présentation et définition des outils du projet urbain

Ce projet propose une stratégie alternative d'urbanisation pour le réaménagement d’un ancien site industriel en quartier d’habitation.

Ici les temporalités de projet sont longues et les moyens économiques restreints. La stratégie s'appuie sur la création d’une nouvelle filière de l’industrie: le réemploi, ou upcycling.

Utiliser le “déjà là” est une des priorités du projet urbain. L’exploitation des traces du passé industriel ont forgé le projet, au travers des matériaux, des tracés, des usages et des bâtiments existants.

Après diagnostic, des lignes directrices ont permis de définir quelles seront les traces et les activités qui devront êtres amplifiées, transformées, réemployées, supprimées ou conservées. Le plan guide, ou plan urbain, se construit autour d'un "squelette", regroupant les traces, les tracés et les aménagements urbains indispensables au bon développement du quartier.

La "chair" quant à elle, est définie par des règles urbaines de densité, gabarit, occupation, mobilité et usages qui entrent en cohérence avec le squelette et justifient l'investissement de ce site.

Enfin, le processus de démolition/déconstruction nécessaire pour urbaniser le site est utilisé comme outil de projet afin d'exploiter les matériaux issus de la déconstruction du site. Des silos, symboles de l'industrie passée, sont réhabilités en Laboratoire d'Upcycling, intégrant tout le processus de réception et transformation de la matière . On y trouve également les laboratoires de réflexion, de diagnostic et de conception autour de cette nouvelle ressource qui sont les matériaux de réemploi.

Les berges aujourd'hui Face au pont Alessandro Volta	Berges seches au nord Les sols existants sont conservés au maximum, et les traces des chemins de fer deviennent des parcours dans le quartier. Collage sur le traitement du quai du port de l’Eilandje par Michel Deviges	Berges vertes
Nouvelles berges vertes au sud Des espaces de végétation viennent accompagner par endroit le parcours piéton. Collage sur le projet des berges, parc portuaire du Havre par Obras	Anciens silos a grain Grande structure béton avec des silos de 6 mètres de diamètre pour une quarantaine de mètres de hauteur.	Traitement des eaux de pluie Ces silos sont réinvestis comme logement pour artistes avec des ateliers d'exposition verticaux . En face,trois grands bassins de traitement des eaux de pluie du quartier se développent . Collage sur le bassin de traitement des eaux pluviales du projet d’écoquarer des Rives de la Haute Deûle par Bruel Delmare
La friche verte au nord Un espace où l'intervention est minime, la majorité de la végétation est déjà présente. Il suffit de tailler un peu et de dessiner les cheminements	Parc au nord Issu d'une ancienne friche verte, simplement réaménagée	Silos a grains 35 mètres de hauteur pour 3 rangés de 8 silos de 12 mètres de diamètre
Upcycling Lab Ces silos sont réhabilités en industrie et laboratoire de traitement de matériaux issus de la déconstruction.	Centre culturel Rivolta Espace actuel face au centre	Place Rivolta Cette place face à la cité jardin, permet de reconnecter ces deux morceaux de ville à travers l'activité du marché, et des terrasses de café. Emprunt du mobilier public réalisé par l’association Bellastock durant le workshop Made in Vitrolles

“Le réemploi est l’acte par lequel on donne un nouvel usage

à un objet existant tombé en désuétude, qui a perdu l’emploi pour lequel il avait été conçu et fabriqué.”

Jean Marc Huyen

Situation et Plan Guide

Port Marghera Localisation dans la lagune de Venise
Trois sites potentiels Les zones en friche à l’interface entre la ville et l'eau
Un site propice au développement Situé entre la cité jardin Marghera et le canal Ovest, le site bénéficie d'un paysage industriel intéressant, notamment avec les bateliers de croisières de Fincantieri et le pont monumental Alessandro Volta

Au début du 20ème siècle, il existait une véritable dynamique entre la cité jardin de Marghera, abritant les travailleurs, et le port industriel. De ce fait, les individus entretenaient un rapport à l’eau au travers du travail. Mais cette relation s’est perdue au fil du temps et la zone industrielle est aujourd’hui partiellement délaissée. Le site est une enclave composée de nombreuses friches, entre le réseau ferroviaire de la ville au nord et une voie rapide à l’ouest.

Cependant, les habitants de la zone ont un réel attachement à l'identité du port et ont déjà rejeté par le passé une proposition de projet de tour de grande hauteur de Pierre Cardin sur ce site. Il ne valorisait en rien l'histoire ni le paysage du lieu selon les habitants. Le centre culturel Rivolta, qui existe depuis le milieu des années 90, milite également pour l'identité du site. Dans notre projet, le centre serait amplifié, devenant une des portes du site, et accueillant les réunions populaires participatives pour la définition urbaine et sociale du site par les habitants, actuels et futurs.

Tensions du squelette Les principaux éléments du squelette se tendent depuis l'eau jusqu'aux nouvelles portes du quartier
Plan guide Donne une orientation du projet urbain en relation avec la densité voulue et son squelette, ses espaces publics. Il donne également des orientations plus précises dans les zones qui ont une temporalité maîtrisable pour leur aménagement à court et moyen terme. En ce sens le projet développe la séquence urbaine au nord dans la première tranche de réalisation du projet urbain.

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Développement de la première séquence et de l'UPCYCLING LAB

Le projet a été approfondi en deux points: la séquence urbaine de la porte nord à l'eau du canal et le fonctionnement et l'architecture de l'Upcycling Lab.

La séquence urbaine démarre avec l'ancienne usine d'optique Galileo, transformée en espace de restauration et hôtelier avec un passage commercial couvert.

Le cheminement se poursuit à travers un square aménagé autour du parc du vieux bistro, puis continue par la rue piétonne des nouveaux ilots habités. La séquence se termine par l'arrivée sur le parc et l'esplanade vers l'eau.

Cette séquence montre également comment ce projet de ville fonctionne.

Les ilots ouverts, favorisent les mobilités douces, mais la voiture n'est ni reniée, ni écartée, elle prend sa juste place. La densité urbaine choisie correspond à des dimensions humaines de bâtiments, et favorise la vie de quartier. Les cœurs d'ilots appartiennent aux bâtiments, mais un petit pourcentage, correspondant à une circulation minimum du domaine public. Ce pourcentage n'est pas tracé dans l'ilot, ni défini dans la propriété, garantissant ainsi la non privatisation de ces espaces.

C'est aussi un espace hybride, qui conserve des activités industrielles compatibles avec l'habitat, des bâtiments réhabilités, ou des morceaux de sols ou de bâtiments réemployés dans l'espace urbain.

L'ensemble des espaces publics de la séquence urbaine

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L'Upcycling Lab est une plateforme du réemploi. C'est une industrie qui crée une nouvelle compétence et un nouveau matériau, le matériau de réemploi.

On y trouve les ateliers de réception de la matière, préalablement sélectionnée sur site pour y être conditionnée et prête à être travaillée. Ce sont ces ateliers qui conçoivent et produisent les aménagements et mobiliers urbains, issus du réemploi, pour l'espace public notamment. Pour ce faire, des atelier de travail, de conditionnement, d'assemblage et production sont répartis dans les étages et sont en lien direct avec les ateliers de réflexion-conception.

Selon son organisation verticale, les ateliers de matière lourde sont en rez-de-chaussée ainsi que l'accueil et le magasin. Puis, plus on monte dans les étages plus les ateliers reçoivent des matériaux petits et légers. Les derniers ateliers sont pour l'accueil du grand public et la sensibilisation aux enjeux du réemploi. Le dernier étage est occupé par un restaurant panoramique, une petite salle de conférence et également une terrasse.

Des exemples de mobilier urbain sont développés, testés et mis en place sur le site au fur et à mesure de l'avancement du projet urbain. Il sont conditionnés par les disponibilités des matériaux issus des déconstructions, et des besoins des habitants remontée au travers des réunions publiques et participatives organisées dans le centre culturel Rivolta.

Les mobiliers urbains upcyclés cliquer pour agrandir

Lampadaires Ce sont des éclairages tournés vers l'eau et créant un cheminement le long des berges. Ils peuvent également devenir des assises.
Ils sont fabriqués à partir de profilés métalliques récupérés des halles industrielles. Chaque élément est nettoyé, adapté et traité pour qu'il puisse exercer son nouveau rôle.
Les bancs Le long du square nord du quartier, on trouve des bancs faits également à partir de ces mêmes profilés.

Les noues et traitement de sols Une noue urbaine recueille les eaux de ruissellement afin de les y amener vers le bassin de traitement des eaux pluviales au sud du quartier. Le sol des anciennes industries est conservé et constitue le nouvel espace public. Il est simplement découpé par endroit afin de le rendre perméable et favoriser la collecte des eaux pluviales et de lutter contre l'imperméabilisation des sols.
Ce dispositif utilise des poutres et/ou des poteaux béton découpés, pour réaliser les bordures des noues et les bases des bancs. On emploie également les traverses de chemin de fer récupérés pour les assises.
L'esplanade Face à la marina, on trouve le seul espace autour des quais qui descend généreusement vers l'eau.
On y trouve des mouvements de sols réalisant des assises faits à partir de grands éléments poutre béton et bois, et un traitement de sol upcyclé réalisé à partir d'éléments type "gravas" récupérés et calepinés.
Détail calepinage de sol Cet extrait de traitement de sol sert d'exemple pour expliquer la démarche. On trouve un sol composite, fait à partir de divers éléments minéraux issus de la démolition du site. Ils sont ajustés aux dimensions de calepinage d'une brique et traités afin qu'ils puissent endurer leur usage de sol. On dispose également de cheminements en sol neuf pour s'assurer que l’irrégularité du sol upcyclé ne soit pas un obstacle pour circuler. Ainsi, on retrouve au sol les traces du passé.

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